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Il me semblait que j’avais été au maximum des informations qu’une personne sans aucun contact dans le milieu du cinéma pouvait obtenir sur cette série. Je pensais donc que les mises à jour de ce site étaient maintenant uniquement esthétiques.

 

Eh bien non voici du nouveau je vais essayer de ne rien oublier.

 

    

 

 

 

Bonjour,

Quelle surprise de tomber sur un site consacré au feuilleton « Les

Charmes de l’Eté » ! Qui êtes-vous ? Cette série a bercé mon enfance,

mais pour une raison un peu particulière, les auteurs (scénario et

dialogues) Christine Carrel et Jean Patrick… sont mes parents.

… Votre site a quelque chose de très émouvant pour moi…

Sophie …

 

    Voici le premier mail que j’ai reçu. Cette personne a très gentiment par

la suite bien voulu répondre à toutes mes questions et m’a transmi tous

ses souvenirs, je dois avant de vous les révéler la remercier

chaleureusement.

 

S SOPHIE

LCDL fred pour lescharmesdelete.free.fr

 

 

S : Est-ce que j'ai des souvenirs, bien sûr, après ils sont ceux d'une petite

fille de 12 ans, mon âge en 1974, date du tournage, quelques anecdotes

aussi, sans doute moins que n'en souhaiteriez...

 

LCDL : parlez nous de vos parents Christine Carrel et Jean Patrick

 

S : Les scénaristes du film sont dans la vie un couple. Jean Patrick est

parti en 1984, Christine Carrel s'en est allée 5 ans plus tard...

 

Christine Carrel et Jean Patrick

 

C'est une série oubliée, il est vrai, mes parents même à l'époque titillait

gentiment le réalisateur Robert Mazoyer en lui disant "Vous parlez toujours des

Gens de Mogador, vous avez honte des Charmes de l'Eté...", il répondait

toujours "mais non ! ce sont les journalistes qui s'attachent à l'oublier dans

leurs articles", alors plus de 35 ans après vous imaginez !

J'ai lu l'interview de William Coryn, il vous a donné de bonnes informations...

J'ai lu aussi grâce à vous que Marie-Laure Beneston et Claudia Morin ne

comprenaient pas l'intérêt porté à cette série et préféraient l'oublier,

c'est un peu normal, d'abord parce que c'est vrai elle a sûrement vieillie

mais nonobstant elle garde un charme désuet auquel je reste sensible, mais

suis-je objective? Claudia Morin a un petit rôle,

ceci explique peut-être cela, quant à Marie-Laure Beneston, je pense

qu’elle n'a pas l'âge du personnage

(qui n'est autre à l'époque que moi, vous vous en

doutez). Quant à Marina Vlady, je ne suis pas étonnée, pour trois raisons, la

première c'est qu' elle accepte pour la première fois de jouer pour la télévision,

à cette époque, c'est excessivement mal vu, les acteurs de cinéma ne se

compromettent que très rarement sur le petit écran, deuxième raison elle est

dans un creux de sa carrière, dans les années 60, Marina Vlady est une star, ce

n'est plus le cas dans les années 70, troisième raison, ce rôle n'est pas

forcément un cadeau ou un réel plaisir pour une comédienne, je m'explique,

son rôle est d'intriguer, de charmer, de faire rêver, elle n'a finalement pas

beaucoup de scènes parlées, mais beaucoup plus de jolis plans floutées, de

silhouettes, elle passe des heures sur le tournage à se faire habiller, maquiller,

il faut qu'elle soit belle, belle, belle et je ne pense pas qu'elle est vraiment pris

plaisir à jouer ce rôle, qui, elle le sait, ne fera pas date dans sa carrière, et

qu'elle va s'empresser sans doute d'oublier, vous me le confirmez (je crois

qu'elle a accepté deux ou trois autres fois de jouer pour la télé).

 

LCDL : de Marina VLADY : oui comme vous le sous entendez

elle est belle et elle se tait. Son rôle n'est pas si simple, elle intrigue dans le

bon sens du mot, elle est un peu l'instigatrice du résultat, un rôle pas si

vide à mon avis, faire passer des émotions sans trop de paroles ce n’est pas

donné à tout le monde. Et puis qui saurait être aussi romantique et aussi

féminine qu’elle ? Pour moi c’est un de ces plus grands rôles avec « les bonnes

causes ».

 

S : Marina Vlady : Attention je ne dis pas que son rôle est simple ou vide, mais

qu'il comporte beaucoup de scènes où on ne lui demande qu'une seule chose

"être belle" et pour connaître bien les actrices c'est flatteur sur le

moment, mais sur un tournage c'est un peu lourd et ennuyeux à la longue, car

si l'on résume bien les belles scènes pour elle (en tant qu'actrice

j'insiste), il y a la rencontre avec Jean-Philippe chez les Béraut, le thé

avec Jean-Philippe, la visite au Point du Jour, les retrouvailles au Golf,

la scène du baiser avec Vincent... pour nous public tout va bien, pour une

actrice... ??? c'est un peu léger pour que ce rôle (à ses yeux) compte dans

sa carrière... Cela étant j'apprécie beaucoup son charme très slave qui

apporte vraiment le mystère qui sied à Pauline.

 

LCDL : et les autres ?

 

S : Personnellement j'adore Paul Guers, d'une justesse rare, à la moindre

réplique, William Coryn "est" vraiment Jean-Philippe, je me souviens que mes

parents avaient été impressionnés par les essais, ravis du choix de Robert

Mazoyer et ravis du résultat.

 

LCDL : le personnage de Paul GUERS qui se confit à son fils vous aurez

la réponse, on peut critiquer, mais je trouve que justement ce père si sévère

va révéler grâce aux doux événements, grâce à cette mystérieuse femme, son

coeur tendre et bon. C’est mon interprétation, pas forcement celle des

auteurs, du réalisateur, mais c'est celle que je comprends et aime deviner :

c'est le propre des grandes oeuvres qui dépassent le créateur de celles-ci.

les autres personnages jouent très bien, mais Andrée Tainsy et Albert Michel

sont tout simplement sublimes, quand à Sophie jouée par Marie-Laure

Beneston elle à le rôle un peu ingrat, elle est moins femme que atherine Frot à

ce moment là mais reste tellement gentille que on ne peut que la trouver

bonne comédienne (on aime son personnage), évidement ne vous connaissant

pas je juge de la sorte mais en vous comparant, étant donné qu'elle joue votre

rôle, votre critique est forcement différente.

Catherine Frot : inconsciemment durant de longue année je n'aimais

pas cette actrice sans savoir pourquoi, je pense depuis que je me suis replongé

dans cette série pour faire le site, que c'est à cause de son personnage que l'on

aime moins (on la deteste même un peu) vers la fin du film.

Denise Péronne et Fernand Guiot jouent eux aussi très bien à mon avis, des

personnages à la PAGNOL.

 

S : Bien sûr le rôle de Béatrice est ingrat, mais Catherine Frot a ce côté

désinvolte et moderne absolument parfait pour l'incarner. Le reste de la

distribution n'est pas mal du tout, à noter que "Sophie Beraut" (vous noterez

que je m'appelle Sophie Bauret, un clin d'oeil de mes parents à mon égard) a un

petit frère (totalement inexistant dans le scénario de mes parents), très discret

mais présent, dans la série, il s'agit de Julien Mazoyer, le fils de Robert Mazoyer

qui aime vivre les tournages en famille.

En ce qui concerne le rôle de Sophie, je n'ai évidemment aucune

objectivité, c'est difficile pour une petite fille de savoir que c'est elle

à l'écran et d'en voir une autre et donc forcément de ne pas se

reconnaître... maintenant que je le revois, je me sens plus tendre à son

égard, et puis votre regard me rassure, justement je trouvais que la

comédienne rendait ce personnage antipathique, et vous me dîtes le

contraire, alors !!!

Evidemment, impossible d'oublier Andrée Tainsy dans Gabrielle et Albert

Michel dans Lucien, ce sont mes chouchous, à plus d'un titre, ils incarnent

pour moi dans leurs personnages et dans leurs répliques tout le talent de

mes parents... Sachez que le rôle de Gabrielle a été écrit pour Andrée

Tainsy et que mes parents ont émis l'idée du comédien Albert Michel pour le

rôle de Lucien, suivi sans l'ombre d'une hésitation par le réalisateur

Robert Mazoyer... Oui, j'ai vraiment une tendresse infinie pour ces deux

personnages, à la lecture comme à l'écran, ils m'émeuvent souvent par leur

simplicité, leur bon sens et leur justesse.

 

LCDL : comment est née la série

 

S : En ce qui concerne "Le Point du Jour" ce qui est dit dans votre page 3 n'est

pas faux, c'est bien Robert Mazoyer qui a longuement recherché (ou fait

rechercher) cette demeure que mes parents lui avaient longuement décrite.

Pour l'emplacement de cette maison, une petite précision, nous y avons fêté

le dernier jour de tournage, et à cette occasion les comédiens présents ont

dédicacé pour mes parents un exemplaire du scénario, je me souviens très

bien de ce moment et grâce aux dédicaces d'Andrée Tainsy et d'Albert Michel

je suis en mesure de vous donner la date du dernier jour de tournage : le 13

septembre 1974 et le lieu précis : Brouessy. Je viens de rechercher sur une

carte Ign et visiblement Saint Forget et Magny Les Hameaux (composé de

plusieurs hameaux dont Brouessy) se touchent donc on ne va pas chipoter !

 

LCDL : chipoter !!!! vous me donnez la un renseignement des plus

important et grâce à vous j’ai pu retrouver cette demeure voici la page

consacrée au « point du jour ».

 

S : Comme vous l'a confié William Coryn le titre initial (et qui est resté

longtemps d'actualité) est "La Silhouette au Point du Jour", c'est le titre choisi

par mes parents d'après le nom de la propriété "Le Point du Jour" qu'ils

louaient à ce moment-là à Clairefontaine en Yvelines (charmant village de 320

habitants, à l'époque, niché au coeur de la forêt de Rambouillet, devenu célèbre

depuis grâce à une certaine équipe de football).

L'action se situe dans la forêt de Rambouillet et dans la vallée de Chevreuse.

Comme vous le savez et comme vous l'a dit William Coryn, l'action a été

déplacée au Chambon sur Lignon, c'est une demande du réalisateur Robert

Mazoyer, c'est le pays de son enfance et quand, à la lecture du scénario, il se

"retrouve" dans le personnage de Jean-Philippe, il demande à mes parents

l'autorisation de changer le lieu de l'action. J'ai le souvenir que mes parents

sont ravis que Robert Mazoyer soit chargé de la réalisation (il est tout auréolé

de la méga production télévisuelle "Les Gens de Mogador"), c'est aussi une

personne à la sensibilité proche de celle de mes parents, le fait de transposer le

lieu de l'action ne leur pose aucun souci, je me souviens de Jean Patrick se

plongeant dans l'histoire du Puy en Velay... aidé de Robert Mazoyer pour

ajuster le scénario à ce nouveau cadre de vie. A ce propos, J'ai retrouvé 3

courriers de Robert Mazoyer à mes parents.

(voir au fond de cette page les paragraphes : L qui sont les lettres entre Robert Mazoyer et les scenaristes)

 

Des anecdotes, j'en ai quelques-unes, mais que recherchez-vous ?

Je vois sur votre site que vous vous intéressez au Golf de Rochefort, souhaitezvous

savoir comment il a été choisi ?

 

LCDL : oui, bien sur.

 

S : l'histoire du Golf est très jolie.

Traditionnellement mes parents et moi allions nous promener en forêt de

Rambouillet le week-end, Jean Patrick aime par-dessus tout la nature, il se

promène souvent longtemps, très longtemps avec notre chien (tiens donc !)

mais avec nous aussi. Et voilà qu'au détour d'une promenade, magie, féérie,

le golf de Rochefort apparait au lointain avec ses bassins superposées

bordées de ce grand escalier,

j'étais là ce jour et j'ai lu dans les

yeux de mes parents l'enchantement, les miens aussi brillaient, et là pour

eux c'est évident, alors qu'ils sont en pleine écriture de leur sujet, c'est

là que doit se faire la rencontre entre Pauline et Vincent, la découverte de

ce lieu leur a inspiré cette scène. Nous avons passé le reste de

l'après-midi à sillonner toutes les petites routes des environs pour en

trouver l'entrée, ce ne fut pas une mince affaire, je me souviens de

l'urgence et de la fébrilité de mes parents, je ne suis pas sûr que nous y

soyons parvenu le premier jour, mais enfin le golf fut trouvé, il s'agit

véritablement d'un golf et non pas du parc d'un château comme dit sur votre

site, simplement je crois me souvenir qu'à l'époque le green n'était pas "en

service", et le splendide bâtiment servait plus à des mariages et autres

manifestations. En faisant des recherches sur internet j'ai pu constater que

c'était toujours un très joli golf, très réputé. Quand Robert Mazoyer a

souhaité mettre l'action de La Silhouette au Point du Jour" dans le pays de

son enfance, mes parents ont tout de suite dit oui mais sont restés

intransigeants sur Le Golf de Rochefort (en effet, il doit bien exister des

golfs du côté du Puy en Velay), en priant le ciel que les propriétaires

acceptent un tournage (et aussi que cela rentre dans le budget de la

production !) c'est le joli anachronisme de cette série, puisque nous sommes

bien loin du Chambon sur Lignon à Rochefort dans les Yvelines comme vous le

savez déjà. Si ma mémoire ne me fait pas défaut il y a eu trois jours de

tournage sur ce lieu magique, j'y étais et d'ailleurs j'apparaît furtivement

à l'écran, allez pour le jeu Frédéric, essayez donc de me retrouver,

n'oubliez pas j'ai 12 ans !

 

 

 

 

vous avez bien reconnu la petite fille que j'étais, pour la "jolie" petite histoire la

jeune fille (grande jeune fille) avec laquelle je joue au ballon est Fontaine

Sibertin-Blanc devenue depuis une grande réalisatrice du cinéma français sous

le pseudonyme d'Anne Fontaine (Nettoyage à sec, Comment j'ai tué mon père,

Nathalie, La fille de Monaco, Coco avant Chanel...).

Dans les petits changements, la voiture de Pauline (j'ai cru comprendre que

vous aimiez les voitures), à l''écran il s'agit d'une Porsche 911 blanche, à

l'écriture il s'agit d'un coupé Mercedes blanc (pas plus d'annotation dans

le script).

 

Reine Mazoyer qui joue la maman de Shie est une artite peintre elle a realisée des aquarelles

pour le générique, on peut les voir défiler, elles sont magnifiques.

Petite anecdote en passant, à la fin du tournage, Robert Mazoyer a offert à mes

parents la plaque "Le Point du Jour" que mon beau père a fixé au portail de

notre maison, je crains qu'elle n'est disparue... La dernière fois que j'ai voulu

retourner au Point du Jour, le nôtre, la maison et le parc avait été coupés en

deux ! Il y a plus de 20 ans déjà...

 

 

L1 : Lettre de Robert Mazoyer à Christine Carrel et Jean-Patrick

Datée du 27 avril 1974

Madame,

Monsieur,

Monsieur Michel Canello (1) m’a fait lire le texte de « La Silhouette au Point du Jour ». Je l’ai donc lu

sans tarder et accepté sans hésiter. C’est une histoire pleine de charme et de sensibilité qui m’a

touché, d’autant que Jean-Philippe me rappelait l’enfant que j’ai été.

Je n’ai pas pu vous écrire avant. Je réalisais une dramatique que j’ai terminée avant-hier. Et comme

chaque fois je me suis jeté dans le travail. Je n’ai pas vu le temps passer ni, le plus grave, le printemps

naître.

Philippe Verro (2) m’a averti que nous devions dîner ensemble mardi soir. Donc ma lettre sera courte

puisque j’aurai le plaisir de vous connaître et de bavarder de ce « Point du Jour » qui nous réunira.

En attendant, je vous prie de recevoir mes remerciements et l’expression de mes sentiments les

meilleurs.

Robert Mazoyer

Saint-Cloud

(1) Michel Canello fondateur et président du Groupe Telfrance (il a revendu son groupe il y a peu

je crois

(2) Philippe Verro - Producteur délégué (son nom apparaît au générique de fin)

 

 

L2 : Lettre de Robert Mazoyer à Christine Carrel et Jean-Patrick

Datée du 25 juin 1974

Chers Amis,

Je vous fais parvenir un exemplaire complet de la « Silhouette au Point du Jour » comme vous me

l’avez demandé, afin de servir de base au livre que vous avez bien raison d’écrire (*).

J’ai tenu largement compte de vos retouches, j’ai aussi parfois écourté des scènes quand le dialogue

était trop abondant et le minutage excessif… Si vous aviez quelques regrets, ne manquez pas de me

l’écrire car je pars pour le Chambon où enfin, je vais pouvoir penser à ma mise en scène.

Donc je prends William Coryn (1), plus la distribution que vous connaissez déjà, sauf Jean-Pierre

Moulin dans le rôle de Daniel Ackelman.

Nous tournons au Chambon du 8 au 27 juillet après quoi nous reprenons à Paris, dans la Vallée de

Chevreuse (Maison Delbant). Viendrez-vous ? J’espère ne pas vous avoir choqué en vous disant que la

présence des auteurs m’intimidait. Que cela ne vous empêche surtout pas de venir.

Je pars avec la bénédiction de l’ORTF (sauf celle de Monsieur Désiré (2) absent). Le texte est beau et la

distribution idoine.

Donc au travail !

Au revoir.

Toutes mes amitiés

Robert Mazoyer

(1) Pour le plus grand plaisir de mes parents qui ayant assisté à certains essais avaient un

faible pour lui.

(2) Claude Désiré – grand patron des programmes de fiction sur « ANTENNE 2 » à cette

époque

(3) Quelques explications peut-être. L’exemplaire définitif (que j’ai toujours) est celui qui

servira au tournage, par rapport à l’original remis par mes parents (dont je n’ai

malheureusement plus trace), certaines scènes ont été coupées, d’autres écourtées et puis

il y a aussi toute l’adaptation à la région, les noms des cafés, le nom du lac pour aller faire

de la voile, en l’occurrence le lac de Lavalette qui dans la version première devait être

probablement Saint Quentin en Yvelines). Robert Mazoyer évoque un livre, en effet

Antenne 2 a souhaité au début de ce projet que mes parents publient un livre pour

accompagner la sortie de ce feuilleton, cela ne s’est jamais fait.

 

L3 : Lettre de Robert Mazoyer à Christine Carrel et Jean Patrick

Datée du 14 juillet (1974)

Chers Amis,

Je ne vous ai pas écrit encore, car je vis au rythme du soleil quoique mon coucher soit moins glorieux.

Merci pour votre bon télégramme. Je l’ai reçu sur le lieu du tournage (J. Philippe cherche Pauline en

regardant les villas) et je l’ai lu à haute voix devant l’équipe ravie. Merci pour votre lettre également.

Gérard Lenorman ne fera pas hélas la musique. Son éditeur Marouani me l’a refusé, ce que j’ai trouvé

énorme tout de même ! J’ai fait appel à Guy Béart qui par contre est enchanté par le sujet et la

présence de Marina. Je lui donnerai les paroles que vous m’avez envoyées, que je trouve bien, sauf la

chute du dernier couplet. Mais Béart ne va-t-il pas écrire seul ? (1)

Je suis pris dans une sorte de machine qui m’entraîne, la musique et Béart, le personnage de Thérèse

et Christine Carrel… Il arrive un moment où l’on n’est plus maître de sa trajectoire. Ainsi je n’ai pas pu

redresser l’histoire VALQUIER (2), pris par le plus grand des hasards, j’en étais abasourdi, les deux

comédiens pressentis pour Richard (3) et Valquier étaient mari et femme, ravis de pouvoir jouer

ensemble, enfin. Je ne voudrais pas cela vous fâchent… Que Christine me pardonne ! Une lettre de

Claude Désiré (4) qui aime bien le sujet, les changements, mais me reproche clairement de ne pas

avoir enlevé le mot « chevrotines » dans la chasse (5) et trouve mon attitude « désinvolte ». Il

demande également de corriger l’épisode 18 (6). Je vous écris le paragraphe.

« Compte tenu du caractère de Vincent et de son attitude de père sévère et inflexible, il paraît

difficilement admissible qu’il se confie à Jean-Philippe. Certes le choc qu’a procuré la vision de Pauline

peut amener Vincent à ce genre de réaction, mais il faut qu’il y soit incité par un tiers (Gabrielle ou

Daniel) »

Dites-moi ce que vous en pensez (Je vous envoie une photocopie de la lettre)(7)

Quant au tournage, il se passe merveilleusement et je crois qu’avec tous les comédiens sans exception

j’ai eu la main heureuse. Nous avons souffert de la chaleur, mais quelle image ! William Coryn est

vraiment remarquable en Jean-Philippe.

Le temps hélas se détériore…

Je suis content que le Point du Jour vous plaise.(8)

Merci de votre amitié attentive.

Près de vous.

Mon amitié

Robert Mazoyer

(1) Voilà un véritable scoop pour vous, Gérard Lenorman devait écrire la musique, le refus ne

vient pas de lui mais de son éditeur. Pendant ce temps il a été demandé à mes parents

d’écrire les paroles de la chanson du générique de fin. Ensuite le choix s’est porté sur Guy

Béart, il aurait sans doute composé la chanson, pourquoi n’a-t-il pas signé la musique, je ne

sais, peut-être trop cher pour la production ?.

le choix de cet artiste explique pourquoi les enfants de la colonnie chantent "vive la rose et le lila"

 

 

Quelqu’un, au niveau de la production a-t-il

voulu « placer » Jacques Loussier, je ne sais. Mes parents et Robert Mazoyer ont la réponse,

moi pas. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’ils aimaient beaucoup la musique de Loussier,

nettement moins les paroles du générique de fin… mais étaient-ils objectifs dans la mesure où

Jean Patrick avait déjà proposé un texte… que je n’ai jamais retrouvé… il a dû partir à la

poubelle !

(2) Autre scoop, c’est ma maman qui devait interpréter Thérèse Valquier, eh oui Christine Carrel

est comédienne de formation, bordelaise, elle a arpenté en long et en large la scène du

Théâtre National de Bordeaux avant de se faire happer par Télé Aquitaine (à cette époque

chaque région à sa télé locale, un peu l’ancêtre de France 3 maintenant, sauf que les

speakrines locales annonçaient tout, le journal, le film, la météo… Et quand j’étais petite je

regardais ma maman annoncer « Bonne Nuit les Petits » et quand le marchand de sable me le

disait je partais au lit !) …. Que s’est-il passé ? C’est un peu flou, mes souvenirs sont vagues.

Au départ le personnage de Pauline c’est ma maman, cette grâce, cette féminité, ce mélange

de romantisme, de bohème chic et de modernité c’est elle, mais évidemment il n’en a jamais

été question, elle a servi d’inspiration aux auteurs (dont elle- même) c’est tout ! Je sais que

Robert Mazoyer a envisagé au tout début de nous prendre dans nos rôles respectifs, Sophie

c’est moi, donc Christine Carrel dans le rôle de ma mère c’est évident. Le problème c’est que

j’ai de lourds appareils dentaires (des bagues, le truc que tout le monde porte aujourd’hui

mais à l’époque inenvisageable à l’écran). Je me souviens de longues discussions pour savoir

si l’on prenait le risque de me les enlever pour poursuivre le traitement plus tard… la réponse

était nette, non ! Résultat Robert Mazoyer trouve une autre « Sophie », confie le rôle de sa

mère à sa propre épouse Reine Mazoyer, et propose à maman le rôle de Thérèse Valquier…

vous connaissez la suite à travers la lettre tout autant que moi. Le seul éclairage que je puisse

apporter c’est que dans une production télévisuelle il y a mille intervenants chacun ayant son

mot à dire… Telfrance par exemple a ses comédiens « maison » en quelque sorte, comme le

couple qui joue les « Ferry », que je sais que le comédien qui joue Richard a été imposé par la

Prod.

(3) voir page qui leur est consacrée

(4) Grand patron de la fiction sur Antenne 2

(5) Alors là je sèche complet, est-ce que la chevrotine n’est pas appropriée au type de chasse

décrite dans la série ? Je n’en sais rien… et comme mes souvenirs sont lointains je ne sais pas

si le mot a été changé dans la série.

(6) Là aussi scoop, eh oui, « La Silhouette au Point du Jour » a été proposée et écrite sous forme

de feuilleton de quart d’heure, très à la mode à cette époque et dont mes parents sont assez

spécialistes, ce petit feuilleton qui devait tenir en haleine les Français devant leur petit écran

juste avant le journal ! Cette série a donc été écrite et tournée selon le rythme de 25

épisodes d’un quart d’heure. Si votre curiosité va jusque-là je pourrai vous donner le

découpage de chaque épisode. Vous connaissez le résultat final et décidé à la dernière

minute par la chaîne : 5 épisodes d’environ 1 heure.

(7) Je n’ai pas trouvé trace de cette copie de lettre, quant à la décision prise par mes parents et

Robert Mazoyer de rajouter une scène ou une réplique, eh bien je ne sais plus, la réponse est

forcément à l’écran…

(8) Il faut traduire cette phrase par « je suis heureux que la maison que j’ai choisi pour incarner le

Point du Jour vous plaise »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA VRAI SOPHIE